Moi ? Morte ? Tu veux rire ?!
Bon d'accord, je suis morte, mais seulement aux yeux du monde des vivants. Je me sens en pleine forme, je t'assure. C'est pourquoi j'ai toujours autant de mal à me faire à l'idée que je puisses être morte. Oui, même après plus de cent ans. Le temps n'est pas si long, mon cher Satan. Tu ne m'en voudras pas, je préfère Satan à Lucifer. Enfin, quoi qu'il en soit, je suis belle et bien morte! Et tu veux savoir comment ? Oui ? Je sais que c'est exactement ce que tu viens de me demander ! Quel grincheux tu fais, alors.

Une nuit je reçus, parmi mes clients habituels, un homme que je ne connaissais pas. Je ne l'avais jamais vu auparavant, et pourtant, son visage me semblait si familier. Peut-être l'avais-je déjà croisé sur mon chemin ? En tout cas, il avait un visage d'ange, ses yeux bleus clairs contrastaient avec sa chevelure sombre. Il avait, certes, le teint un peu pâle, mais il était très séduisant. De nos jours, on surnomme les filles comme celle que je fus à cette époque « pute de luxe ». De plus, la maison à laquelle j'appartenais m'avait donné le titre vedette quelques mois plus tôt. Je n'étais donc pas n'importe qui, dans ma profession. Et mes clients n'étaient pas non plus n'importe qui ! Je me dois aussi de rajouter qu'à cette époque, Jack l'éventreur courait les rues, mais heureusement, je ne risquais rien. Il s'en prenait à nos rivales, à l'autre bout de Londres.
La plupart des hommes que je recevais, bien que mariés et infidèles, étaient tous de grands hommes respectables et importants dans tout Londres. Il faut dire que l'inconnu qui vint me voir ce soir là sortait du lot. D'allure soigné, il était bien plus jeune et bien plus séduisant... Je n'avais pas de mal du tout à accomplir mon devoir avec lui. Nous avions donc dîné dans le restaurant de l'hôtel dans lequel nous allions passer toute la nuit et tout était parfait. Si je n'avais pas en tête que je n'étais qu'une prostituée, nous passions pour le parfait couple d'aristocrates qui venait dîner aux chandelles. Nous sommes ensuite montés dans la chambre, bien que nous n'ayons pas attendus ce moment avant de commencer à batifoler. Sous la table déjà, je sentais sa main gauche, qui était d'une incroyable douceur, glisser lentement, très lentement, le long de ma cuisse. Je me suis d'ailleurs surprise à rougir un peu, mais je m'étais vite reprise avant de répondre à ses caresses. Dans l'ascenseur, la tentation montait de plus en plus que les secondes s'écoulaient; nous ne pouvions pas encore céder totalement à notre envie car il y avait le liftier chargé de faire aller l'ascenseur en notre compagnie, même si j'avoue que cela ne m'aurait pas déranger du tout d'assouvir mon envie soudaine de sauter sur mon bel inconnu. Oui, je ne savais pas son nom. Nous avions pourtant bavardé toute la soirée, et je ne lui avais pas demandé son nom. Je m'en fichais après tout. Tant que l'argent était là... L'argent et le désir. Oh, j'ai toujours adoré ça!

A la porte de la chambre, nos baisers lents et doux cédèrent rapidement leur place à une agressivité folle qui m'avait toujours plu. Se laissant tombé sur le lit, moi à califourchon sur lui, il avait entreprit d'enlever ma robe, alors que je libérais le spécimen de son pantalon taillé sur mesure qui l'avais un peu serré depuis un petit moment. Comme je m'occupais de lui, mon client ne pouvait plus me toucher à sa guise, et cela ne devait pas lui plaire énormément car il ramena mon visage à la hauteur du sien, pour embrasser vigoureusement mes lèvres. Je sentais d'ailleurs ses dents prendre quelque fois mes lèvres, comme si il désirait les mordre à sang, mais il se reprenait à chaque fois. Me retrouvant par la suite sous son corps brûlant, nous avions fini par entreprendre ce pourquoi il m'avait payé. Et alors que j'atteignais, pour la première fois depuis bien longtemps, un plaisir extrême, je sentis ses dents se presser contre mon cou. Il n'attendit pas un instant pour me mordre et boire le sang qui coulait. J'avais ressentis une légère douleur mais elle affecta positivement le plaisir que mon client me procurait. Je n'avais jamais pensé à ce genre de choses auparavant, mais je me disais que je retenterais l'expérience avec mes autres clients ! C'était si bon, si intense, si excitant de voir, de sentir même, le sang et la sueur des corps se mêler... C'était si...vampirique. Et pendant que je pensais à ça, l'obscurité se faisait de plus en plus intense. Mes yeux se fermaient...

Quand ils se rouvrirent, la blancheur des lieux m'aveugla. Que Diable se passait-il ? Où avais-je atterri ? D'abominables personnes, toutes deux de blanc vêtus, s'étaient avancés vers moi. J'étais nue, mon cou était encore ensanglanté...

- Oh non, avait marmonné le premier blanc-vêtu. Ils font encore grève au service du tri, tu crois ?
- Probablement, a répondu le deuxième. Elle ne devrait pas être ici, cette suceuse de sang, continua-t-il en me désignant du regard.
- Dommage... J'aurais bien aimé qu'elle reste !
- Tu es à deux pas de la perdition et tu trouves encore le moyen d'éprouver ce genre de...de choses ? C'est dépravant, s'était finalement exclamé le blanc-vêtu qui m'avait traité de « suceuse de sang ».

Je leur avait donc demandé dans quel endroit je me trouvais; et tu sais ce qu'ils m'ont répondu ? Haha, c'était la meilleure blague du siècle ! J'étais au paradis ! Moi ! J'ai d'ailleurs ri, beaucoup même, pendant qu'ils n'emmenaient tout au fond d'un long, très très long couloir, qui se finissait en cul de sac ! J'ai pensé que nous allions nous prendre le mur de plein fouet, mais celui-ci s'ouvrit en deux, comme des portes. C'étaient effectivement des portes. Des portes d'ascenseur.

- J'espère qu'ils l'ont réparé, avait lancé le premier blanc-vêtu. Parce que si vous vous retrouvez bloquée, vous y resterez jusqu'au prochain passage du réparateur... C'est à dire dans trois mille ans.

Ils me firent entrer, appuyèrent sur le bouton le plus bas, c'est à dire le bouton qui se trouvait à un centimètre du sol, et les portes se refermèrent. L'ascenseur entamait sa descente, j'avais un peu peur à vrai dire, je n'étais pas vraiment rassuré par le fait d'être toute seule, nue et ensanglantée, et sans liftier dans l'ascenseur en cas de pépin. J'étais seule, avec une question qui me trottait dans la tête: Où arriverais-je ensuite ?
Je l'appris bien assez vite... Tu parles.
Au bout de dix minutes, les portes s'ouvrirent, et j'étais alors dans un monde totalement différent. Il faisait chaud, il faisait assez sombre... Je me sentais beaucoup mieux !

Un monstre hideux se posta devant moi, et ni une ni deux, me prit sous son bras et m'emmena... Il marcha pendant longtemps, trèèèèès longtemps ! J'ai cru qu'il m'emmenait dans sa caverne de monstre, mais non. Il m'avait posé juste devant toi, cher Satan.
Tu ne te souviens pas ? J'étais nue, pourtant... On se souvient toujours de moi quand on me voit nue, normalement. Étrange... Oui je sais que tu es marié ! Bon, sinon, c'est tout. Voilà comment s'est déroulé ma mort.

Ma vie en tant qu'humaine fut assez courte, en comparaison avec ma vie de vampire !
Je suis née en plein dans l'ère Victorienne, en 1866, alors que Londres était une grande ville sombre et sale. Cette ville que j'aimais. Oui, Londres à cette époque était magnifique. Les romans de monstres, les criminels, les hommes politiques sans cœur et toute la dépravation du monde grouillaient là-bas. Mais maintenant, au XXIe siècle, vois ce qu'elle est devenue...
Une nuit, alors que l'orage grondait dehors, ma mère me mit au monde. Elle m'adorait déjà, alors qu'elle posait son regard sur moi (erreur de sa part...). J'avais des petits cheveux roux, presque rouges, tout comme elle; d'où mon prénom.
Mon père rentra deux ou trois heures plus tard, sans se soucier de ma venue. Ce fut son premier exemple « d'amour » à mon égard. Il n'aimait pas ma mère non plus, elle n'était son épouse seulement pour satisfaire ses petits besoins hormonaux; il ne l'avait choisi que pour sa beauté et ses bonnes manières en public. Il n'aimait que lui. Ma mère, elle, s'en fichait, du moment qu'elle avait un toit doré au dessus de sa tête ! Mais elle m'aimait, elle. Il faut dire qu'au fil du temps, j'étais sa seule et unique compagnie. Mon adorable papa était le conseillé du maire de Londres, alors il passait tout son temps à faire souffrir les miséreux.

J'ai ainsi grandi dans une prison dorée, avec ma mère qui me collait sans cesse. Je dois avouer qu'à mes yeux, ce n'était pas la meilleure des vies >< Non du tout !

Alors, le jour où je suis enfin devenue intelligente, j'ai pris la plus grande décision de toute ma vie de vivante: me faire virer de chez moi. Il est vrai que ce fut la plus grande décision de toute ma vie, mais aussi la plus folle ! J'ai été une vraie folle. J'ai commencé à dessiner un peu partout d'horribles dessins, sur les murs. Des dessins morbides rouge sang ! Ma mère en devint vite dingue. J'ai alors rajouté à ma petite liste mes nuits de folie, à hurler et parler une langue incompréhensible. Ma mère me fit alors exorcisé. Les prêtres défilaient les uns après les autres chez moi, nuit et jour, mais rien de ce qu'ils faisaient ne marchait ! Quoi de plus normal ? Il n'y avait aucun démon en moi.
Tu imagines la tête de mes parents ? Ma mère ne savait plus quoi faire pour retrouver sa petite fille chérie. Mais au bout d'un moment, il n'y avait plus d'espoir pour elle. Alors j'ai enfin pu partir de cette prison dorée.

J'ai traîné les rues un moment, dans le froid et les ordures, mais j'étais heureuse. J'étais enfin libre !
J'ai vite trouvé comment survivre dans cette ville qu'était la mienne. Je me donnais souvent aux hommes quelconques qui voulait passer un peu de bon temps. Puis, à mes dix-huit ans, grâce à mes quelques atouts physiques et mes bonnes manières, je suis entrée dans cette maison de poules de luxe. C'était toujours mieux que de rester dehors. J'avais de nouveau un toit doré au dessus de ma tête mais cela ne changeait en rien ma liberté. Les hommes, tous plus importants les uns que les autres, défilaient dans mon lit. Jusqu'au jour où la patronne de la maison fit de moi sa fille vedette. Jusqu'au jour où je rencontrais mon vrai libérateur. Ce bel homme, vampire à ses heures nocturnes, qui me rendit plus heureuse que jamais. Grâce à ce qu'il m'avait fait, j'ai fini ici, aux Enfers, avec toi, avec cette peste de Démetria. Mais cette grosse garce ne m'empêche pas d'être moi-même.
En plus du plaisir sexuel, j'ai le plaisir de la chair et du sang. Quoi de mieux, pour une fille telle que moi ?

Élevée au sein d'une famille plus qu'aisée, j'ai acquis tout au long de mon enfance les bonnes manières d'une petite fille modèle. Peut-être que cet environnement m'a donné ce trait de caractère qui me donne parfois l'image d'une peste quand je n'ai pas ce que je veux, mais je suis faite comme ça, je n'y peux rien. Je pique parfois quelques crises, mais je ne vais pas très loin. J'aime bien obtenir ce que je souhaite. C'est la même choses avec mes victimes. Je ne lâche jamais l'affaire avant d'avoir réussi. A côté de ça, je suis tout à fait polie et gentille. En générale, je suis plutôt sympathique (sauf quand je suis affamée) avec tout le monde, je suis toujours souriante... Il faut dire que j'aime tellement cette vie, enfin, cette mort ! =D Je me « sang » comme un petit vampire dans le sang ! XD

Je suis une obsédée aussi. Oui, par le sexe, mais pas seulement. Je suis obsédée par TOUT ! Le sexe, le sang, Damon, le sang, Damon, le sang, tuer Démetria, le sang. Hihi.
Je suis (presque) toujours de bonne humeur, j'adore m'amuser et faire des tas de conneries >< Cent ans, c'est pas si vieux, alors on s'calme là ! J'aime emmerder le monde aussi XD alors faîtes attention... C'est un conseil d'amie.

Bon à part ça, j'ai un défaut. Je me met moi-même dans des situations bizarres ou dangereuses. Et j'adore ça. Prenez-moi pour une folle, c'est bien ce que je suis. Je suis du genre à tout casser sur mon passage, et souvent sans que je m'en aperçoive. Je prend tout (ou presque) à la légère, on me dit souvent insouciante, parfois naïve, mais je dirais plutôt «hakuna matata» ! Pacifiste à mes petites heures, je fuis les gros conflits. Moi, lâche ? Non, je ne veux tout simplement pas perdre du temps à me prendre le chou ! Je préfère rire et danser plutôt que de chercher la merde...

Me laisser vivre ma vie de vampire, enfin ! Bien que c'est ce que j'ai fait depuis une centaine d'années... Hé oui, je suis devenue vampire, et même si j'adore ça, ce n'est pas facile tout les jours ! Surtout lorsqu'on a une reine comme Démetria. Elle nous force même à chasser pour elle ! Tu le savais, ça ? Enfin, je ne lui obéis pas. Qu'elle aille se prendre sa bouffe elle-même. Ce n'est pas parce que je suis l'une des meilleure chasseuse des Enfers que je dois chasser pour deux. Et puis quoi encore.

Mon pouvoir ? Il est puissant, certes, mais... Je ne le contrôle pas et il m'attire beaucoup plus d'ennuis qu'il ne m'aide. J'ai la capacité de prendre l'apparence physique des personnes. De ma main droite, je touche une personne et son apparence est automatiquement gardée dans mon esprit. Et c'est avec ma main gauche que je prend l'apparence de ce que je veux... Enfin, ce n'est pas toujours l'apparence que je veux, comme par exemple la fois où je me baladais avec la tête (et le corps ><) de Démetria... Je peux aussi prendre l'apparence physique des animaux.
Mon préféré ? La panthère... Rrr !

Après ma mort, je suis retournée plusieurs fois chasser dans le monde des vivants, à la recherche de sang frais, de plaisir, de luxure. J'aime tellement ça ! Mais...
Oui, il y a un "mais"...
Tu sais qu'un jour, j'ai eu le coup de foudre ? Oui, le genre à avoir des gros cœurs roses dans les yeux >< Je venais te voir pour te demander de remplacer cette chère Demetria par moi XD Tu te souviens ? Mais oui, je sais que je viens très souvent pour ça, mais bon... Donc, alors que j'entrais dans l'Antre, je l'ai croisé et le temps s'est arrêté. Mon cœur s'est affolé ! J'ai cru que je mourrais.
Et ensuite, j'ai arrêté de coucher avec n'importe qui pour les tuer ensuite... Je sais, je deviens sage. C'est terrible. Mais bon, tu peux parler ! Tu t'es marié, tu as des enfants, tu as une vie posée maintenant... Toi, le Diable !

Je ne rêve que du jour où Damon se rendra compte de mon existence *.*

Bah bien sûr qu'il s'agit de Damon ! Il est si.. beau, si sexy, si fort, si intelligent ! *.*
J'en suis tombée raide dingue amoureuse. Du coup, je le suis partout >< Je l'admire tellement. J'adore le voir faire du mal, en plus de ça *.* Quand il est là, près de moi, j'ai l'impression d'être vivante et d'avoir encore un cœur qui bat en moi...

"The blood is the life... and it shall be mine."